Du surf aux Éditions Pimientos, aux Éditions Arteaz

J’aime les livres. J’aime l’océan. Et y’a d’autres trucs que j’aime bien, mais j’en parlerai ailleurs…

Un jour, il a fallu choisir. Un choix de vie binaire s’offrait à moi : vivre face à la mer, ou non. J’ai choisi la mer et non la mégalopole, renonçant à son électricité que j’aimais tant. Mais comment vivre sans surfer, sans nager, sans lézarder au soleil, sans participer d’une dolce vita sublime, sans prendre la nature à bras-le-corps ? Alors, j’ai créé un magazine de surf, puis une maison d’édition pour penser des livres de mer, et j’en ai encore 100 dans la tête.

Et là, je me suis dit, mais tu es où, toi ? La réponse, c’est : quelque part dans l’univers. C’est : quelque part sur la terre. C’est… mais comment se nomme cet endroit où je vis ? Le Pays Basque ? L’Aquitaine ? Le Sud-Ouest ? La France à un quart d’heure à pied de l’Espagne ? Que se passe t’il en cet endroit de la terre où les hommes hésitent sur son nom ?

J’ai vu que les Basques allaient de leur côté. Et les Français de leur côté. Et qu’ils ne se croisaient pas souvent. J’ai vu des basques penser contre les basques, et des français parfois penser contre la France. J’aimais bien ces contrastes, en fait, ces incertitudes propices à la réflexion.

Je me suis souvenu de mon grand-père, de ses carnets que j’avais retrouvés, dans lesquels il notait les mots d’euskara qu’il apprenait. C’était un basque débasquisé, sa propre mère ayant délaissé sa propre langue. Et je regardais ma famille, mes parents, mes cousins et cousines, tantes et tontons qui venaient là en vacances, toutes ces personnes qui migraient l’été sur la terre de leur arrière-grand-mère, sans jamais la regarder vraiment, cette terre, sans jamais les interroger, ces ancêtres.

Pour dire la vérité, j’ai trouvé le procédé un peu dégueulasse. Alors j’ai plongé dans ce pays comme j’avais plongé dans les vagues. Et pour le découvrir, bah j’ai trainé pendant des heures autour de Donostia la belle à l’heure où ça tapait. J’ai lu. J’ai bu tard la nuit dans des bars interlopes. Et puis j’ai fait des livres. J’en ai écrit quelques-uns, j’en ai publié beaucoup. Des belles rencontres, des personnes souvent très bien, des militants, des artistes, des marins, des collectionneurs, des écrivains…

« Je reste un surfeur. La terre est ronde, les vagues sont rondes et toutes les cultures me passionnent. Alors les livres ont fleuri au gré des possibilités, dans cet incessant combat pour la survie qu’est le monde de l’édition indépendante. »

Peu à peu, Arteaz va remplacer Pimientos. Je me suis lassé de ce piment qui s’est fait, un tout petit peu, connaître. Car il faut se remettre en question, toujours, pour ne pas s’épuiser.

Des questions, j’en ai 300 chaque matin.

Est-ce que vous voulez bien devenir ma question ?

Super ! Si on a une esquisse de réponse, on en fera un livre !

– Alexandre Hurel –